Un souvenir d'une ancienne vie + MEREDITH & CHUCK

L’avion venait de se poser sur Manchester et le couple Decker était finalement prêt à débuter une nouvelle vie. Des bagages ? Ils n’en avaient presque pas. Le couple avait fui grâce à leur nouvelle identité, à leur nouveau passeport. Leur résidence était encerclée par les autorités et tout était saisi. Se rappelant la scène où elle hurlait à quelques mètres de la résidence dans les bras de son mari, voyant ses enfants se faire attraper par les services sociaux lui brisait le cœur. Elle repensait qu’à ça et la mélancolie lui donnait des hauts le cœur. Une fois sur place, ils réussirent à trouver un petit appartement merdique avec les quelques économies ramassées. Trouvant un logement meublé était surement la meilleure des solutions. Donc, Meredith alla ramasser la clé chez le propriétaire qui vivait dans l’appartement du bas. Elle monta les escaliers, sac à main autour du bras et fixant désespérée l’état du bloc. « Je ne sais pas pour toi, mais ce taudis est milles fois pire que le dernier…. En plus, on n’a pas un rond. » Secouant tristement la tête, elle lança un grand soupir à l’égard de cette nouvelle vie qui commençait pour eux.

Franchissant le seuil de leur nouvel appartement, une moue dégoutée rejoint la femme au foyer qui espérait quelque chose d’un peu mieux. On ne pouvait pas dire qu’ils vivaient dans le luxe à New York, sauf que cet appartement bidon se démarquait encore plus que le précédent par son horrible moquette, ses murs craquelés et son odeur d’urine de chat. Portant un mouchoir à son nez, la brunette grimaça. Elle fronça les sourcils en fixant son amoureux. « Tu ne m’aides pas là. » Elle se dirigea rapidement pour aller ouvrir toutes les vitres de l’appartement en espérant faire aérer un peu le tout. « Je n’ose même pas le déposer sur le comptoir, c’est quoi sur le coin ? Des crottes de souris ? Beurk ! » Dit-elle en poussant un cri suivi d’un plissement de nez dégouté. Mer se tourna vers son mari pour poser sa tête sur son torse. « Mon dieu Chuck, qu’est-ce qu’on fait ici…. Sans les enfants en plus. C’est horrible, je ne pourrais pas vivre ici ! » Elle ferma les yeux complètement dépassée.

Chuck leva les yeux au ciel alors que sa femme craignait de misérables crottes de souris. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'ils devraient cohabiter avec d'autres petites bêtes, ils avaient vu bien pire et probablement fait pire aussi... L'homme attrapa la tête de Meredith qui vint s'appuyer contre son torse. Il ne savait plus comment la réconforter. Cela faisait déjà des dizaines de fois qu'il lui expliquait qu'ils finiraient par les revoir, que les choses s'arrangeraient, que le temps allait être leur meilleur allié...mais elle ne semblait absolument rien comprendre, ni de la tête, ni du cul. Son envie du moment, la brasser bien comme il faut en la regardant sévèrement dans les yeux en lui demandant de croire en lui, ce qu'il ne ferait bien évidemment pas, elle était bien assez fragile comme ça.

Allez, attrape le balais dans le coin là-bas et nettoyons ce taudis, j'suis persuadé que tu te sentiras bien mieux ensuite. Fini-t-il par dire afin de se déprendre des griffes de sa femme bien trop songeuse, pointant l'objet dans le fond de la pièce. Il attrapa ensuite le sac à main de sa femme avant de l'accrocher derrière la porte de la salle de bain, sur l'un des croquets à serviettes. Comme ça tu ne pourras pas dire qu'elle touche le comptoir sale! Lui dit-il à la blague, démontrant ses dents parfaitement alignées alors qu'il lui souriait bêtement.

Meredith n’en revenait toujours pas d’être tombée sur un pareil taudis. Elle allait devoir faire avec, parce qu’elle ne possédait aucunement les fonds pour se permettre mieux. Face à l’enthousiasme de son mari qui tentait de la soulager, Mer usa d’un léger sourire. Elle fixa l’homme qui alla poser son sac à main jusqu’à l’arrière de la porte. Lançant un long et puissant soupir tout en relâchant la pression de ses épaules, Decker reprit. « Je vais faire de mon mieux chéri, mais je ne te promets rien… » Elle tourna la tête et se pencha vers une petite valise qu’elle ouvrit. « Avant de réussir à mettre la main à la pâte pour désinfecter cette planque… il me faut quelque chose pour oublier l’état des lieux ! » Elle sortit un sachet d’herbes ainsi qu’un sac rempli de pilules en tout genre. « Ça va être beaucoup mieux avec ça, tu as de la monnaie pour nous chercher de la bière ? » Demanda-t-il à Chuck tout en ouvrant son portefeuille pour y sortir quelques pièces qu’elle étala sur le rebord du comptoir.

Chuck savait pertinemment que ce ne serait pas une tâche facile pour sa femme, de garder son sang-froid dans ce genre d’endroit. Ce n’était déjà pas quelque chose d’évident pour lui, qui en temps normal se foutait bien d’à quoi pouvait bien ressembler les lieux…simplement sans les enfants, sans leurs amis ou personnes qu’ils ne connaissaient, ça ressemblait à une montagne insurmontable. L’homme ferma les yeux une seconde afin de faire le vide.  

Il ne fallut pas bien longtemps avant que Meredith ne décide de sortir les grands moyens. Decker la regardait, un peu intrigué par le choix qu’elle ferait, mais acquiesçait à sa demande. Ouais, j’ai de quoi payer… cette fois en tout cas Lui dit-il à propos de l’argent qu’ils leur faudrait pour se payer à boire. J’ai vu un petit magasin au coin de la rue, bières et nettoyants ? Questionna-t-il tout en expliquant qu’il avait entrevue un petit commerce de vente, non loin de leur domicile, alors qu’ils emménageaient.

Meredith Decker n’arrivait tout simplement pas à croire qu’elle avait réussis à se payer un appartement aussi miteux. À chaque fois que le voisin du haut marchait, un grincement se faisait entendre. Serait-elle capable de se faire à l’état des lieux – même après un grand nettoyage – la brune ne le savait pas et elle craignait le pire. Passant une main dans ses cheveux pour les repousser vers l’arrière, la belle plissa le nez à l’égard de son mari qui monta la petite liste de course. « Mouin…. C’est bon. S’il te reste de l’argent pour des clopes aussi…. » Et sans attendre elle alla ouvrir toutes les fenêtres de l’appartement tandis que Chuck quittait les lieux vers le petit magasin au bout de la rue. Elle voulait faire aérer le plus possible l’endroit. Meredith détacha les rideaux qui se trouvaient au mur pour aller mettre le tout dans le bain après avoir fait couché un peu d’eau chaude. Ils n’avaient pas de machines à laver et n’irait pas dépenser une fortune dans les buanderies pour ça.